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Le Paysan, son âne et sa femme

Un matin de printemps, un paysan et sa femme partent au marché avec leur âne.

Comme ils aiment beaucoup leur âne et qu’il fait très chaud, ils ont décidé de ne pas monter dessus pour ne pas le fatiguer, et ils marchent à côté de lui. En traversant le village, ils entendent les gens dire : « Mais quels imbéciles ! Ils ont un âne et ils ne l’utilisent même pas ! Ces gens sont bien bêtes ! »



Alors le paysan, vexé, demande à sa femme de monter sur l’âne, pour que les gens se taisent. Il marche à côté. Et ils entendent les gens dire : « Mais quelle honte ! Un homme qui marche pendant que sa femme est tranquillement assise. On sait qui fait la loi à la maison ! Cet homme ne se fait pas respecter ! »


Alors le paysan, vexé, monte sur l’âne lui aussi, pour que les gens se taisent. L’âne avance péniblement en essayant de supporter tout ce poids. Et ils entendent les gens dire : « Mais qu’ils sont cruels ! Ils n’ont aucune pitié pour ce pauvre âne qui avance sous le soleil en les portant tous les deux ! Ces gens sont bien méchants ! »


Alors le paysan, vexé, demande à sa femme de descendre, pour que les gens se taisent. Sa femme marche à côté. Et ils entendent les gens dire : « Mais quelle honte ! Une femme qui marche pendant que son époux est tranquillement assis. Cet homme est un vrai misogyne qui ne respecte pas les femmes ! »


Alors le paysan, qui a finalement compris la bêtise humaine, descend de l’âne et décide de faire les choses comme il l’avait décidé dès le début. Ils marchent donc tranquillement tous les deux à côté de leur âne et se disent l’un à l’autre :

« Quoiqu’on fasse, les gens trouveront toujours quelque chose à critiquer. L’important, c’est d’être en accord avec soi-même et de faire les choses comme on le sent ».


Réécrit d’après l’une des « Histoires de Jeha » (ou Nasr Eddin Hodja), un personnage de contes traditionnels turcs et maghrébins

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